Tananarive et alentour vacances déc. 2006
Il y a tellement à dire sur nos allers et venues là-bas...qu'il est quasi-impossible de tout résumer ici. Malala ne connaissait pas encore Mada et le premier voyage en décembre 2006 fût pour lui (comme à chaque fois pour moi) magique, comme toutes les autres fois d'après aussi. La puce venait d'avoir ses 2ans et le voyage en avion fût inconfortable, elle était trop grande pour rentrer dans ce qui leur servait de lit pour bébé et trop petite -et chère surtout- pour payer une place à elle seule. Mais comme à chaque fois, elle ne fait pas la difficile et se retrouve avec le corps dedans et les pieds dehors avec son doudou "kalou" qui la suivait partout; qu'il a voyagé ce kalou! Liana elle, s'adapte à toutes les situations: caca et pipi dans l'herbe lorsqu'en est en rase campagne pendant les trajets en taxi brousse (pas le choix de toute manière puis c'est bio non?), dodo sur maman ou papa quand elle en a envie, pas de diarrhée ni de fièvre ni de coup de soleil (ça on le laisse pour Daddy) et même pas de piqûre de moustique ouf!
Nous (re)découvrons avec délectation Tananarive et ses rues, du moins celles qu'on a emprunté. Le fait de quitter le froid glacial du décembre métropolitain la veille et se retrouver le lendemain à 10000 et quelques bornes à l'autre bout de la planète dans une chaleur étouffante et poussiéreuse est un moment de délectation pure dont je ne me lasserai jamais, c'est merveilleux comme dirait les enfants.
L'accueil modeste mais très généreuse de la famille est toujours un moment inoubliable. Le passage désagréable aux douanes (pénibilité de l'attente des formalités et des douaniers qui essayent tant bien que mal de te grapiller des cadeaux ou des euros) est rapidement oublié lorsqu'on aperçoit au loin la famille qui nous attend.
Vive les retrouvailles, vive la chaleur, vive les vacances, vive l'insouciance.
Place à la vraie vie quotidienne simple: les mpanasa lamba (laveuse de linges) dans la cour, la terre rouge, les toilettes en latrines bien odorantes; dans le quartier les tradionnelles tanimbary (rizière) souvent où poussent les anandrano (cresson); mais aussi la bonne nourriture bien saine plus que bio de chez bio et cuisinée comme je les aime, pas forcément comme Malala les aime. Mais soit, il est là pour découvrir tout cela car Bibi ne maîtrise pas tellement, voire pas du tout la cuisine malgache.
C'est un retour aux sources comme je les aime, aux choses simples et essentielles.
Les odeurs, les couleurs et les saveurs sont si différentes de ce que nous connaissons que nous en prenons plein la vue, l'odorat et les papilles.
Départ pour notre village près de Betafo bien après Antsirabe. Nous prenons le taxi be (LE transport en commun équivalent au train) tôt le matin. Ma grand-mère paternelle y habite encore dans ce village dont le nom m'échappe (quel déshonneur): point d'électricité ni d'eau dans ce bled. Et nous ne savions même pas si on pourrait y arriver car il n'y a pas beaucoup de taxi be qui y vont, tous ce qu'on savait c'est qu'il faut faire vite avant que la nuit ne tombe pour ne pas se retrouver dans un hôtel miteux je ne sais où. L'aventure quoi! Arrivée à Antsirabe où on nous accoste de partout pour nous vendre des objets en tous genres (à manger, à coiffer, à raser, piles, journaux locaux...) et pour nous proposer le transport jusqu'à la station du prochain taxi be. Hop, nous montons dans des pousse-pousses.
Nous finissons par trouver la dernière voiture en partance, une 404 bâchée dont la durée de vie a largement dépassée la légalité en France mais passons, nous sommes à Mada, yes! Lorsque nous quittons il est tout de même près de 16h, sachant que la nuit tombe vite sous cette tropique, le temps presse. Sur la route, il y a eu un souci, une pièce de la voiture a lâché, il a fallu que quelqu'un se rende à pieds au prochain village pour trouver la pièce, heureusement une autre 404 qui passait nous a aidé et on a pu repartir une heure après. Arrivée au village enfin, le nom ne me revient toujours pas. zut et rezut! Apparemment Malala est un des premiers vazaha que le village ait eu l'occasion de voir. Il y en a eu un mais il était à moto et passait seulement par le village.
Vous remarquerez que tout le monde zieute en leur direction, c'était le jour de marché. A croire qu'ils n'ont jamais vu de vazaha, ou alors ils sont encore habitués à prendre des photos en studio avec le fond peint de toutes pièces comme ce fût le cas dans mon enfance.
Ils étaient baba. Au village, le rudimentaire est de rigueur: douche avec un seau d'eau et une bassine à même le sol, la bassine pour mettre l'eau sale et la jeter derrière la maison une fois la douche terminée, la terre rouge absorbera va. Le lit était empaillé, de la paille qui pique sortait un peu de part et d'autre du tissu qui la recouvrait; et encore on avait de la chance on aurait pu coucher sur le tsihy (natte en raphia tissée) . Le sol de la maison de ma grand-mère en était recouvert justement, son seul meuble était un coffre dans lequel elle rassemblait ses biens les plus précieux: les photos qui lui étaient chères, du riz, du sucre...coffre qui avait un cadenas bringuebalant. Les bougies (que nous avions ramené de la ville) nous servaient d'éclairage dans ce village dépourvu d'électricité et de moyen de communication, comme bon nombre de villages isolés à Mada.
Découverte des ganagana (canard) et dokotra (sorte de ganagana) par ma puce et des poules en liberté. Découverte d'un métier courant à Mada mais dont le nom m'échappe, réparateur de pneu de vélos (ou de voiture); un de mes oncles exerce en effet ce métier. En métropole nous avons les grandes enseignes pour les services après vente donc ce métier a disparu depuis belle lurette, ça y est le mot me revient, c'est la vulcanisation. Partout à Mada, ce métier fait vivre des milliers de personnes encore.
Comme toutes les fois où nous venons visiter ma famille au village, les dizaines de cousins nous accueillent avec joie et les rires fusent. Les plus grandes préparent le festin: du poulet frit (souvent pourvus de quelques plumes encore), hummmm avec du riz bien sûr!
Et le matin on a droit au lait fraîchement tiré des mamelles de vaches. Papounet a trouvé cela assez infect, moi pas du tout au contraire ça m'a rappelé mon enfance, quand justement les livreurs de lait venait tôt les matins nous livrer notre ration de lait que je devais absolument boire, c'était un luxe inespéré.
Liana était trop jeune pour comprendre le mot "famille" alors je ne m'éternise pas à lui expliquer ce que signifie "les cousins".
Pour nous faire honneur, les enfants ont chanté en choeur une chanson de dadabe Noely (père Noël) qui nous va droit droit au coeur et ensuite on leur a distribué des bonbons, c'était la fête pour eux et pour nous aussi.
La fin du séjour s'est achevée avec la visite du tombeau familial qui se trouve au milieu des rizières à 5mn de marche du village. Et zut, je n'ai toujours pas retrouvé le nom de mon village, bigre! Ah ça y est, c'est Ambohimasina. Ouf! Plus de honte que de mal!